Des côtes pacifiques aux forêts d’altitude, le pays offre une immersion rare dans des écosystèmes protégés où s’observent baleines, tortues marines, faune et flore à l’infini
par Nicolas Jan
En dépit de sa petite taille – à peine la superficie de la Suisse – le Costa Rica concentre une diversité écologique et géographique que bien des continents lui envieraient. Bordé par la mer des Caraïbes à l’est et l’océan Pacifique à l’ouest, ce pays d’Amérique centrale s’est imposé comme une référence mondiale en matière de conservation, de tourisme responsable et d’interaction respectueuse avec le vivant. Découvrir le costa rica c’est s’immerger dans plus d’un quart de territoire placé sous protection. Ses quelque trente parcs nationaux incarnent une volonté politique claire : celle de préserver un patrimoine naturel exceptionnel, riche d’environ 500 000 espèces animales et végétales, dont une bonne part endémique.
Voyager pendant la saison verte
C’est entre mai et novembre, au cœur de la “saison verte”, que la nature déploie toute sa puissance. Les pluies régulières gonflent les rivières, densifient les forêts, réveillent les sols. Les paysages se parent alors d’un éclat luxuriant et les phénomènes biologiques les plus impressionnants deviennent visibles. Au sud du pays, dans la province de Puntarenas, s’étend le parc national Marino Ballena, le premier à avoir été créé non pour sa forêt mais pour la richesse de son écosystème marin. C’est là, au large de la paisible plage d’Uvita, que les baleines à bosse venues de l’hémisphère sud croisent celles du nord, dans une synchronisation migratoire rare. Dés la fin du mois de juillet et jusqu’au mois d’octobre, ces géants des mers s’y rassemblent pour la reproduction, offrant aux visiteurs la possibilité d’observer leurs sauts, leurs souffles et parfois même leurs mises bas. L’observation se fait au large, dans le strict respect de leur tranquillité, à bord de petites embarcations guidées par des marins reconvertis en naturalistes. Outre les baleines, le site abrite une population stable de dauphins tachetés et de poissons volants, et la topographie même de la baie – une formation rocheuse naturelle en forme de queue de cétacé visible à marée basse – donne à l’ensemble une résonance presque mythologique. Sur la côte Pacifique nord-ouest, dans la province du Guanacaste, une autre scène bouleversante se joue sur les plages volcaniques de la péninsule de Nicoya. À Ostional, le sable noir accueille plusieurs fois par an, entre juillet et décembre principalement, l’un des plus grands événements de nidification de tortues marines au monde. Ce phénomène, appelé “arribada”, voit des dizaines, parfois des centaines de milliers de tortues olivâtres sortir de l’eau en pleine nuit pour y creuser leurs nids et pondre. Le spectacle est saisissant, silencieux, ancestral. Protéger ce site s’est imposé comme une nécessité : en 1984, le Wildlife Refuge d’Ostional a été créé, encadrant rigoureusement les visites, formant les guides et interdisant toute lumière artificielle. Certaines arrivées atteignent des records, comme en 1995, où près de 500 000 tortues ont été recensées en une seule vague de pontes. Les œufs, enfouis dans le sable, donneront naissance à de minuscules tortillons, dont une infime partie atteindra l’âge adulte. C’est l’un des paradoxes de la nature ici : sa puissance s’exprime souvent dans la fragilité. Plus loin dans les montagnes, au cœur de la cordillère de Talamanca, le petit village de San Gerardo de Dota, à plus de 2 200 mètres d’altitude, est devenu l’un des hauts lieux de l’ornithologie. Niché dans les forêts nuageuses du parc national Los Quetzales, le site porte bien son nom. Le quetzal, resplendissant oiseau mythique des cultures mésoaméricaines, au plumage vert irisé, au ventre rouge vif et aux longues plumes caudales, y trouve un habitat privilégié. Les randonneurs matinaux, accompagnés de guides armés de longues-vues et de patience, scrutent les branches des avocatiers sauvages, dont les fruits constituent la principale source de nourriture du quetzal. Mais il n’est pas seul : plus de 200 espèces d’oiseaux sont recensées dans cette région, parmi lesquelles piverts, colibris, tangaras ou trogons. La forêt, quant à elle, est traversée de torrents, de cascades et de brouillard, et abrite une flore exceptionnelle – mousses, broméliacées, orchidées et fougères géantes – qui confère aux lieux une atmosphère féerique. La richesse écologique du Costa Rica ne se limite pas à ces expériences spectaculaires. Le parc national de Tortuguero, sur la côte caraïbe, est un enchevêtrement de canaux, de mangroves et de plages sauvages, accessible uniquement par bateau ou avion léger. Il accueille une faune abondante : caïmans, lamantins, jaguars (rares mais présents), singes hurleurs, toucans et grenouilles multicolores. Dans les plaines du nord, le parc national du volcan Arenal impressionne par son cône presque parfait, ses coulées de lave anciennes et sa végétation secondaire, surgie des champs de cendres. La région est également connue pour ses sources thermales naturelles et ses ponts suspendus, qui permettent d’explorer la canopée sans perturber la faune. À proximité, la lagune d’Arenal et la forêt de Monteverde forment un corridor écologique essentiel entre les Caraïbes et le Pacifique. Dans le sud encore préservé, le parc national Corcovado, sur la péninsule d’Osa, est souvent décrit comme l’un des écosystèmes les plus intacts de la planète. On y croise des tapirs, des ocelots, des aras rouges, des fourmiliers géants et même, avec un peu de chance, des pumas. La densité de biodiversité y est telle que l’on estime qu’un promeneur chanceux peut y voir plus d’espèces de mammifères et d’oiseaux qu’en une semaine dans toute l’Europe. Découvrir le costa rica, c’est être en communion avec la nature.
Randonnées et volcans
Le pays compte beaucoup de volcans, dont une dizaine considérés comme actifs. Ce maillage tellurique structure le paysage autant qu’il oriente l’histoire du pays : agriculture façonnée par les sols riches, sources thermales issues des entrailles, habitats adaptés aux reliefs instables. Pour les voyageurs, les volcans sont surtout les points d’ancrage de randonnées spectaculaires, menant à des cratères fumants, des forêts secondaires, des lagunes d’altitude et des panoramas vertigineux. Le plus emblématique reste sans doute l’Arenal. Avec sa silhouette conique quasi parfaite, visible à des kilomètres à la ronde, ce stratovolcan a longtemps été en activité quasi permanente, projetant cendres et blocs incandescents jusqu’en 2010. Aujourd’hui considéré comme en sommeil, il domine le parc national du même nom, dans la région nord du pays. Plusieurs sentiers balisés permettent d’explorer ses flancs et ses coulées de lave solidifiées. Le sentier “1968”, baptisé ainsi en référence à l’éruption majeure de cette année-là, traverse une végétation secondaire dense, entre coulées de basalte et points de vue sur le lac artificiel d’Arenal, immense réservoir hydroélectrique qui reflète la silhouette du volcan par temps clair. La région est également réputée pour ses ponts suspendus, qui permettent d’observer la canopée à hauteur d’oiseau, et pour ses nombreuses sources thermales naturelles, dont certaines aménagées discrètement au pied du volcan. Plus à l’ouest, dans la province du Guanacaste, le parc national Rincón de la Vieja propose une tout autre expérience. Moins connu que l’Arenal, ce complexe volcanique est pourtant l’un des plus vastes du pays, composé de plusieurs cratères, fumerolles, geysers, mares de boue bouillonnante et forêts sèches. Le sentier principal, la “Las Pailas Trail”, permet d’accéder à une zone géothermique active, avec de nombreux phénomènes visibles en surface. Pour les marcheurs aguerris, une ascension plus exigeante mène jusqu’au sommet principal du Rincón, à plus de 1 900 mètres d’altitude. La flore y change radicalement, passant de la forêt tropicale sèche aux zones plus fraîches et dégagées, où subsistent broméliacées, lichens et arbres torturés par le vent. Plus au sud, le parc national du volcan Irazú culmine à 3 432 mètres, ce qui en fait le plus haut du pays. L’ascension se fait généralement par la route jusqu’au sommet, mais des chemins permettent d’explorer les abords, entre paysages lunaires, lagunes cratériques et vues spectaculaires sur la vallée de Cartago. Par temps exceptionnellement clair, on peut même apercevoir à la fois l’océan Pacifique et la mer des Caraïbes depuis les hauteurs. Le sol, recouvert de cendres grises et de gravillons noirs, évoque un paysage minéral presque extra-terrestre, où seules quelques plantes parviennent à s’accrocher.
Cette richesse s’accompagne d’une gouvernance rigoureuse. Le Costa Rica a aboli son armée en 1949, et a investi massivement dans l’éducation, la santé et la protection de l’environnement. Son mix énergétique repose à plus de 98 % sur les énergies renouvelables — hydroélectrique, géothermique, solaire et éolienne. Le pays ambitionne d’atteindre la neutralité carbone avant 2050, et ses politiques en matière de reforestation, de transport propre ou de gestion de l’eau en font un laboratoire à ciel ouvert des possibles transitions écologiques.
Renseignements sur la destination :
Visit Costa Rica

































